La majorité des collectivités publiques françaises ont abandonné OpenOffice au profit de LibreOffice dès 2012, alors que certains établissements privés persistent à privilégier l’ancienne suite. L’écart entre les deux applications s’est creusé à partir de la scission du projet initial, provoquant une fracture durable dans l’écosystème du logiciel libre.
Les choix techniques, la fréquence des mises à jour et l’implication des communautés de développement n’ont jamais retrouvé un équilibre stable. Pourtant, la compatibilité avec les formats Microsoft Office et la stabilité d’utilisation ne cessent d’alimenter le débat.
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Plan de l'article
OpenOffice et LibreOffice : deux suites, une même origine
La rivalité entre OpenOffice et LibreOffice est le fruit d’un passé commun. Tout débute chez Sun Microsystems : l’idée, dès l’origine, est d’offrir à tous une alternative ouverte face aux géants du secteur. Mais, en 2010, l’acquisition de Sun par Oracle vient bouleverser la donne. Face à l’incertitude, Oracle transmet le code source à la Apache Foundation, donnant à Apache OpenOffice un nouveau point de départ.
Une partie des développeurs, attachés à une gouvernance transparente, préfère alors suivre une autre route. Ils fondent The Document Foundation et lancent LibreOffice. Dès le départ, la dynamique communautaire de ce nouveau projet s’impose comme un moteur puissant, bien plus marqué que chez son aîné.
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Pour bien comprendre les différences de structure, voici les grandes lignes qui distinguent les deux suites :
- OpenOffice relève de la licence Apache, sous l’égide de la Apache Foundation.
- LibreOffice utilise une double licence LGPLv3 / MPL et dépend de The Document Foundation, une organisation à but non lucratif.
Si la base technologique reste similaire, les chemins se séparent très vite après 2010. LibreOffice bénéficie d’un rythme de développement soutenu et d’une communauté engagée. OpenOffice, lui, mise sur la sobriété et la constance, séduisant ceux pour qui la robustesse prime.
Pour les utilisateurs avancés, l’enjeu ne se limite plus à l’âge du code source. Ce qui compte désormais, c’est la capacité d’adaptation aux usages actuels de la bureautique libre. Deux trajectoires, deux visions du logiciel open source, chacune guidée par ses priorités.
Quelles différences concrètes au quotidien ?
Au premier regard, les similitudes sont frappantes : OpenOffice et LibreOffice présentent les mêmes modules phares, du traitement de texte Writer au tableur Calc, en passant par Impress pour les présentations et Draw pour le dessin vectoriel. Pourtant, à l’usage, les écarts se dessinent.
Du point de vue de l’interface, LibreOffice prend une longueur d’avance : navigation plus fluide, choix de thèmes d’icônes, ergonomie revisitée. OpenOffice reste fidèle à une interface classique, rassurante et efficace pour qui apprécie la continuité.
Concernant les fonctions poussées, LibreOffice fait la différence : meilleure prise en charge des formats Microsoft Office (DOCX, XLSX, PPTX), gestion avancée des PDF, création de graphiques complexes avec charts, et compatibilité solide avec les documents issus des dernières versions de Microsoft Office. Les utilisateurs de macros y trouveront également un support enrichi et une interopérabilité accrue.
Pour vous aider à comparer, voici les spécificités marquantes de chaque suite :
- LibreOffice : actualisations fréquentes, compatibilité avancée, interface revisitée, fonctions évoluées (tableaux croisés dynamiques, extensions, export PDF complet).
- OpenOffice : stabilité éprouvée, faible utilisation des ressources, simplicité d’usage, réactivité sur du matériel ancien.
Les deux suites adoptent le format ODF (Open Document Format) comme référence, garantissant une large interopérabilité. Toutefois, LibreOffice tire son épingle du jeu pour les usages mêlant documents libres et propriétaires, grâce à des filtres d’import/export plus performants. Pour ceux qui échangent au quotidien des fichiers complexes entre Word, Excel ou PowerPoint, ce point s’avère déterminant.
Avantages et limites pour booster votre productivité
Les deux suites partagent des fondations solides : elles sont gratuites, open source, compatibles avec Windows, macOS et Linux. Cette ouverture attire toutes celles et ceux qui veulent se libérer du poids des licences payantes et des frais récurrents. Les entreprises, collectivités et indépendants y trouvent une réponse fiable, sans surprise sur la facture.
LibreOffice va plus loin sur le terrain de la polyvalence. Gestion souple des formats Microsoft Office modernes, export avancé en PDF, intégration possible avec des services cloud comme Google Drive ou Dropbox : la suite se montre à la hauteur pour des usages intensifs, multilingues et mobiles. La version mobile via Collabora Office et la traduction dans plus d’une centaine de langues ouvrent la porte à des scénarios très variés. Pour ceux qui jonglent avec des fichiers venus de partout ou travaillent sur plusieurs supports, ces atouts pèsent lourd.
OpenOffice garde pour lui une interface qui ne déroute pas les habitués, une légèreté précieuse sur des ordinateurs vieillissants et une stabilité qui rassure dans les contextes exigeants ou contraints. Son rythme plus lent d’évolution limite toutefois l’accès aux nouveautés récentes et à certains formats.
Voici ce que chaque suite met en avant quand il s’agit de productivité :
- LibreOffice : adaptabilité, large compatibilité, richesse fonctionnelle.
- OpenOffice : simplicité, robustesse, efficacité sur des configurations modestes.
Toutefois, l’absence de collaboration en temps réel place ces deux suites à distance de solutions comme Google Docs. Pour éditer un document à plusieurs simultanément ou gérer la co-création, il faudra s’appuyer sur d’autres outils complémentaires.
Comment choisir la suite adaptée à vos besoins ?
Pour faire le bon choix, tout commence par une analyse honnête de vos habitudes et de votre environnement numérique. La nature des documents, leur volume, la fréquence d’utilisation ou l’existence d’un besoin de travail à plusieurs sont autant de critères à passer au crible. LibreOffice convainc avec sa gestion pointue des formats Microsoft Office et son évolution rapide, portée par une communauté internationale très active. Si votre quotidien implique de partager des fichiers DOCX, XLSX ou PPTX avec des partenaires équipés de solutions propriétaires, cette suite s’avère incontestablement la plus souple.
À l’inverse, la stabilité d’OpenOffice séduit ceux qui privilégient continuité et fiabilité. Son interface sans surprise, sa faible empreinte sur les ressources et sa simplicité d’administration font la différence dans les environnements publics ou sur des machines anciennes. OpenOffice rassure là où l’innovation permanente n’est pas une priorité.
Des alternatives existent, telles que WPS Office, OnlyOffice ou Zoho Docs, mais le duo LibreOffice/OpenOffice continue de séduire par une promesse claire : pas de publicité, transparence totale, accès gratuit. Pour des usages collaboratifs en temps réel, mieux vaut toutefois se tourner vers Google Docs ou Microsoft Office 365, qui permettent la coédition et offrent une intégration cloud aboutie.
Voici quelques pistes pour orienter votre décision :
- Innovation et compatibilité : LibreOffice s’impose.
- Stabilité et sobriété : OpenOffice répond présent.
- Collaboration en temps réel : Google Docs ou Microsoft Office 365 prennent le relais.
Entre innovation continue, sobriété assumée et collaboration instantanée, aucun choix n’est figé. Votre productivité ne dépend plus d’un nom, mais d’une vision précise de vos besoins. Et demain, qui sait, peut-être que la suite idéale sera celle que vous n’attendiez pas.